Compte rendu de l’audience du 10 septembre
auprès de M. Jean-Robert PITTE Délégué interministériel à l’orientation
Etaient présents :
Pour la délégation interministérielle : MM. Jean-Robert Pitte (DIO), André
Roussel,
pour le SI.EN-UNSA Education : Yvette Destot, Patrick Roumagnac
La rencontre s’est déroulée dans un climat d’écoute attentive et d’échanges
confiants.
M. le Délégué Interministériel à l’Orientation ouvre l’audience en évoquant sa
lettre de mission et l’organisation actuelle de la délégation encore en attente
de nouveaux collaborateurs.
Après une présentation du syndicat de l’Inspection, Patrick Roumagnac laisse la
parole à Yvette Destot, présentée comme l’interlocutrice qualifiée pour les
questions d’orientation au titre du SI.EN et de l’UNSA Education dont elle est
la représentante au Conseil d’administration de l’ONISEP.
En préambule, Yvette Destot souligne que depuis de nombreuses années le Syndicat
de l’Inspection est reconnu comme un interlocuteur de premier plan sur ces
questions tant par ses différents interlocuteurs des cabinets des ministres de
l’Education que par les Délégués Interministériels à l’Orientation qui se sont
succédé et les membres des missions parlementaires qui s’y sont penchés. Elle
ajoute que nous nous félicitons de retrouver aujourd’hui dans les réformes en
œuvre dans le second degré la marque de plusieurs inflexions que nous avions
proposées et la mise à l’index de la vision adéquationniste de l’orientation que
portait Pierre Lunel, vision relayée par Bernard St Girons dans les débuts de
ses fonctions et soutenue par des rapports parlementaires que nous avions
critiqués, et fait observer que le dernier rapport St Girons reflète un vrai
changement de paradigme, ce dont nous nous réjouissons, de même que le dernier
projet de la DGESCO - sur les missions des COPSY et des CIO - semble une base
raisonnable de concertation avec le ministre.
Puis elle
présente les analyses du SI.EN sur les enjeux essentiels des prochaines années :
- l’appropriation par tous les acteurs du système éducatif d’une véritable
culture de l’orientation ;
- l’affirmation de l’expertise et de la place des CIO et des COPSY qui passe par
un alignement de leur formation (à master 2), de leur recrutement et de leur
titularisation sur ceux des professeurs ;
- le pilotage concerté des pratiques et des dispositifs dans la pleine logique
de la politique transversale ;
- l’organisation sur les territoires d’un Service public de l’orientation tout
au long de la vie, labellisé et incluant les CIO
et souligne que les inspecteurs de l’orientation sont aujourd’hui les seuls
détenteurs de l’expertise nécessaire au déploiement de ces priorités, mais
qu’ils se heurtent à plusieurs obstacles fonctionnels pour se déployer au niveau
académique et régional :
- leur affectation en résidence à l’inspection académique où ils sont requis
souvent sur des fonctions vacantes dans des organisations dépouillées par la
RGPP ;
- la fracture fonctionnelle (car statutaire) et culturelle sur ces questions
avec le corps des IA-IPR alors même que le collège et le LEGT sont leurs
territoires communs d’exercice.
Elle
propose, dans l’attente d’une perspective futuriste de création d’un corps
unique d’inspecteurs et de sa spécialité « Orientation et Education permanente
», ce qui serait cohérent avec les horizons ouverts par le livret expérimental
de compétences,
- que, de toute urgence, et si le M. le Délégué lui-même souhaite disposer
d’experts dans les régions pour l’organisation du service public de
l’orientation, les inspecteurs de l’orientation soient installés auprès des
recteurs ;
- que l’on recrute en nombre suffisant, à master 2 de psychologie de l’éducation
et de l’orientation, des COPSY, fonctionnaires stagiaires inspectés pour leur
titularisation par les IEN ;
- que l’on invite les universités à intégrer dans les masters professionnels des
enseignants, une valence suffisamment approfondie des questions d’orientation et
de guidance (utilement par quelques crédits communs avec les futurs COPSY) et en
cessant de se satisfaire du mythe de l’immersion en entreprise qui, seule, ne
fait pas sens. Elle souligne que les professeurs de demain sont les inspecteurs
d’après-demain …
Elle
conclut en précisant qu’aujourd’hui
- si décriés soient-ils encore, les services d’orientation de l’Education
nationale et les COPSY eux-mêmes sont les plus ardents promoteurs de la nouvelle
vision de l’élève et d’une orientation progressive respectueuse des rythmes
d’évolution de la personne que portent les réformes du lycée, du lycée
professionnel et de la validation des acquis expérientiels, car elles sont
porteuses des valeurs et des perspectives humanistes qui sont au cœur de leur
éthique professionnelle,
- et que notre système ne peut se priver de reconnaître ceux dont l’expertise
lui est incontournable, par leur retour dans le « droit commun », et un niveau
quantitatif de recrutement à la hauteur des enjeux.
Monsieur
Pitte prend acte de notre point de vue et se montre intéressé par les
perspectives développées. Notamment, il demande à ses collaborateurs de se
pencher sur la question d’une révision du statut, du recrutement des COPSY que
la loi Orientation et Formation devrait pouvoir légitimement encadrer.
En
conclusion, nous nous déclarons à sa disposition pour envisager ensemble les
critères de labellisation des organismes du Service public d’orientation, dans
le souci de valoriser la contribution des CIO au cœur d’un réseau partenarial à
construire.
A cet
égard, nous affirmons notre adhésion au modèle de référence qu’est pour nous la
« cité des métiers » de seconde génération et mentionnons aussi la nécessité de
spécifier, par une analyse fine sur les territoires, les opportunités et
faisabilités, ce pour quoi les inspecteurs de l’orientation sont les mieux
placés.
En fin
d’audience, nous lui remettons le bulletin syndical de rentrée qui comporte un
article de synthèse sur les sujets abordés ainsi que la motion « Orientation »
de notre congrès de Nantes.
Compte rendu rédigé par Yvette Destot